Le mandat 2016-2020 s’est déroulé dans un contexte particulièrement difficile qui ne nous a pas toujours permis de mener à bien les projets que nous voulions soutenir ou de répondre aux préoccupations de la communauté. La fin de cette période a également été marquée par le geste terrible de l’un de nos étudiants. Il est important de revenir aussi sur les obstacles auxquels nous nous sommes heurtés, sur les évènements que nous ne pouvions anticiper et face auxquels nous avons dû réagir avec les moyens disponibles, sur les nombreux motifs d’insatisfaction qui demeurent, les retards…
Les réformes se sont succédées à un rythme accéléré : la réforme du doctorat en 2016, la réforme du master et le droit à la poursuite d’étude en 2017, la mise en place de la loi Orientation et réussite étudiante (ORE) et de la plateforme Parcoursup en 2018, l’instauration des frais différenciés pour les étudiant.es étranger.es en 2019, la réforme des concours de l’enseignement et des masters MEEF pour la rentrée 2020, la réforme des études de santé, qui impacte également l’établissement pour la rentrée 2020… Notre université, comme l’ensemble des universités, a ainsi eu à mettre en œuvre de nombreux changements, à un rythme très soutenu, mais aussi dans des délais très courts, et à penser des adaptations qui permettaient, dans ce nouveau contexte, de préserver nos valeurs et nos priorités.
Ces réformes ont, pour la plupart, et comme dans de nombreuses universités françaises, suscité des mouvements étudiants, qui se sont parfois prolongés durant plusieurs mois et que, malgré nos efforts, nous n’avons pas toujours su accompagner collectivement de façon satisfaisante. Les conflits suscités par ces réformes ont ainsi eu des répercussions considérables sur la vie de l’établissement, perturbant le déroulement des cursus des étudiant.es, ralentissant l’activité des services et des composantes, retardant de nombreux projets. L’établissement a aussi connu des mobilisations plus spécifiques, notamment autour de l’accueil des migrant.es ou de la précarité étudiante, enjeux auxquels nous nous sommes attaché.es à répondre au mieux, dans le champ de compétences qui est celui d’un établissement d’enseignement supérieur et de recherche.
Le contexte du site Lyon-Saint-Etienne a également été très mouvementé. Notre université, en vue de soutenir les dynamiques scientifiques communes et les coopérations entre établissements, a fait le choix, en décembre 2016, de participer au projet Idex Lyon. Nous nous sommes attaché.es, en accord avec nos instances et en maintenant des échanges réguliers avec les personnels réunis en assemblées générales, à porter auprès de nos partenaires une conception de l’Idex respectueuse de la diversité des domaines disciplinaires et de la démocratie universitaire, alliant exigence académique et ouverture de l’Université à toutes et tous. Alors que, malgré notre volonté de contribuer intelligemment au projet Idex, notre université était mise à l’écart du projet de regroupement des établissements en décembre 2017, nous avons fait le choix de continuer à proposer des actions concertées, à travailler en lien étroit avec les autres établissements, à développer notre implication dans des dynamiques scientifiques et pédagogiques communes, tout en pensant un projet d’établissement qui permette de positionner notre université sur le site et d’en faire un partenaire incontournable, tant pour les acteurs académiques locaux, nationaux et internationaux, que pour les acteurs socio-économiques et culturels. Cependant, outre l’appauvrissement évident du projet qu’elle a représenté, la sortie de notre établissement du projet de structuration du site a eu des effets très déstabilisants sur les unités de recherche et les équipes pédagogiques, dans notre université comme dans les autres établissements du site. L’évolution récente de la situation, avec la sortie de l’INSA ou les critiques du jury quant aux modalités d’insertion de l’ENS, tend à valider notre volonté de ne pas se satisfaire du projet tel qu’il était initialement formulé.
En interne, nous avons également dû faire face en 2016 à des situations problématiques à plusieurs égards. L’excessive prudence ou la volonté de la précédente équipe de réduire les dépenses a fait que nous avons trouvé en 2016 une université exsangue dans bien des domaines : des services qui n’avaient plus suffisamment de personnels pour mener à bien leurs missions, des bâtiments insuffisamment entretenus pendant des années, l’absence de nouveaux projets immobiliers pour la rénovation ou la reconstruction des bâtiments dans les années à venir, des équipements informatiques et audiovisuels insuffisants et désuets, des services et des composantes qui ne développaient plus de nouveaux projets estimant qu’ils ne pourraient pas être financés… Deux situations paradoxales permettent d’illustrer cette situation. Alors même que les besoins étaient flagrants dans de nombreux domaines, les propositions de financement de nouvelles actions que nous avons formulées en début de mandat n’ont pas rencontré de demandes. Et tandis que nous savons l’ampleur des besoins de financement de nos activités de formation et de recherche, de nos locaux et de nos équipements, l’université, pendant des années, ne consommait pas tout son budget, si bien que la Cour des comptes a estimé que sa dotation était excessive. Au cours de notre mandat, il a donc fallu en premier lieu se redonner les moyens d’agir et faire en sorte que les initiatives puissent de nouveau se déployer dans l’université. Cela a pris du temps et ne nous a pas permis de soutenir autant de nouveaux projets que nous l’aurions souhaité.
Un autre ensemble de problèmes que nous avons rencontrés en 2016 a tenu à la nécessité de mettre en conformité les pratiques de l’université avec un certain nombre de règles. Notre établissement ne répondait pas en effet à ses obligations légales dans tout un ensemble de domaines. Il s’agit par exemple de l’attribution de la prime d’enseignement supérieur, dont le versement est conditionné à la réalisation d’un service complet et à l’absence d’activité libérale. Le non-respect de ces règles générales, qui a fait l’objet d’une saisine détaillée du procureur de la Cour des comptes, plaçait l’établissement dans l’illégalité et son agent comptable en situation extrêmement délicate (ce dernier s’est vu demandé le remboursement de sommes très importantes sur ses deniers propres en raison des irrégularités constatées). Le retour à des pratiques plus conformes, qui nous permet d’avoir aujourd’hui un fonctionnement plus satisfaisant et une équité plus grande entre collègues, n’a pas toujours été bien expliqué ou compris, en ce qu’il donné le sentiment de générer de nouvelles contraintes. Cela fait partie des éléments qui ont engendré un mécontentement quant aux conditions quotidiennes de travail à l’université. Si ces adaptations étaient nécessaires, elles doivent aussi nous interroger sur les modalités d’information et de circulation des informations dans l’université (lettre au personnel, transmission par les directeurs de composantes, intranet, etc.).
Enfin, notre volonté d’améliorer la vie quotidienne à l’université a en partie trouvé des réponses (voir supra sur les campus, les conditions de travail, le numérique, etc.), mais de nombreuses insatisfactions demeurent. Elles tiennent pour une bonne part à des contraintes qui s’imposent à nous toutes et tous : le Plan campus (dont l’Université de Lyon est maître d’ouvrage) a considérablement affecté les conditions de travail sur le campus des quais, l’insuffisance des espaces disponibles et parfois leur état ne permettent pas de disposer de locaux adaptés à nos activités, la taille et la complexité de l’université allongent les délais nécessaires à certains changements organisationnels qui permettraient d’améliorer les conditions de vie dans l’établissement, le cadre juridique dans lequel nous évoluons interdit certaines adaptations ou simplifications des pratiques et des procédures (que l’on songe par exemple aux règles des marchés publics), l’évolution des normes sociales et juridiques quant à l’usage des fonds publics, au recrutement et à la déontologie des agent.es publics nous contraint en matière de gestion des ressources humaines, etc.
Pour autant, nous avons la conviction, dans une situation plus saine du point de vue budgétaire et réglementaire et alors que de nombreuses transformations structurelles ont été engagées (renforcement des effectifs, déprécarisation, répartition plus équilibrée des moyens entre les composantes et les unités de recherche, projets immobiliers, amélioration des outils de pilotage et de gestion, etc.), qu’il est aujourd’hui possible de porter et de réaliser de beaux projets à l’Université, avec l’ensemble de ses personnels et de ses étudiant.es, au service de ses missions. C’est la raison pour laquelle la liste AGIR 2020 vous invite à la rejoindre et sollicite votre confiance pour un nouveau mandat.
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